360°
Le virage à 180° que tu espérais en début de semaine te parait bien loin. C’est officiel, période de stagnation en vue, 360°. Premier entretien, très bien passé, mais en vue de leur proposition, tu leur diras d’aller se faire foutre. Second entretien, très mal passé, et malgré que tu aies été sélectionné parmi les 250 candidatures, pour un entretien, on peut dire que tu as su péter toutes tes chances en coup de cuillère à pot de yaourt.
Hier matin, tu n’avais vraiment pas envie d’y aller, tu le sentais pas, un fort pressentiment te faisait penser que tu allais te chier royalement. Intuition vérifiée, dès les deux premières minutes où on t’a laissé seule dans un bureau bordélique, avec trois exercices à faire sur poste informatique. Des études de cas qui ressemblaient furieusement à ce qu’on te demandait de faire à l’école. Trois tâches à réalisées, tu ne savais même pas par quel bout les prendre. Prise de panique, tu as passé 5 minutes, à établir un plan d’action pour pouvoir t’arracher de là incognito. Mais trop risqué, il fallait aller jusqu’au bout pour ne pas te voir ficher comme « candidate incertaine », Strasbourg c’est pas si grand que ça, les gens se connaissent et parlent. Trois exercices que tu as fait certes, mais sans conviction, bâclés, sans grande réflexion, en une heure, il fallait bien que tu pondes un truc. Alors t’as pondu une merde. Mais le genre de merde pas construite, liquide, bref dégueu.
La deuxième étape consistait à passer devant un je cite « comité de recrutement », rien que ce terme t’a fait flippé au plus haut point. Alors on t’a conduite dans une salle, et tu t’es très vite retrouvée assise devant quatre personnes qui te scrutaient de la tête au pied. Comme si on t’avait mis là de force, qu’on t’accusait de quelque chose et qu’il fallait te mettre dans la peau de ton propre avocat pour défendre tes intérêts. Tu avais déjà foiré royalement la première partie « pratique », qu’à cela ne tienne, c’est déjà râpé, c’est pourquoi tu t’es vu complétement déstabilisée par la multitude de questions qu’ils te balançaient à la gueule. Tes réponses étaient brouillon, hésitantes, non convaincante, parfois, inexistantes. T’avais qu’une envie prendre des jambes à ton cou et te barrer à la vitesse grand V. T’as subit l’interrogatoire sous la torture pendant une bonne trentaine de minutes. Les trente minutes les plus longues et douloureuses depuis ton oral d’anglais au BTS.
Une fois libérée, tu n’as pas fait de vieux eaux, t’as attrapé ton manteau sans l’enfiler, ton sac et ta pochette, et tu t’es tiré. Il pleuvait des cordes, pas grave t’es déjà malade, ça pourra pas être pire. Une fois dans la voiture, tu te roules une clope pour la route, sans filtre parce que tu les avais oublié chez toi, tanpis. Durant le trajet, tu n’es même pas déçue, dégoutée, juste soulagée. Tu files direct faire des courses à l’autre bout de la ville, au Leclerc Express près de chez toi, eux au moins, acceptent les tickets restau. T’as pas envie, mais t’as pas le choix, le soir, t’es invité à une soirée, tu t’es engagé à ramener des cochonneries pour l’apéro, puis, ton frigo est vide depuis plus d’une semaine, il serait temps de faire quelques chose.
Sur le chemin, la pression retombe petit à petit et évidemment, comme à chaque échec, tu te remets en question. Cet entretien, c’était pas de la rigolade, c’était du sérieux, du carré. Pas un pseudo entretien informel fait sur le bord d'un trottoir Merde quoi, des exercices pratiques et un passage devant un « comité de recrutement » de quatre personnes ! Alors t’en viens rapidement à la conclusion que, finalement, tu ne peux pas prétendes à un poste plus intéressant, avec des responsabilités des vraies, parce qu’au final, tu n’es pas une pro, une vraie, c’est trop dur pour toi, c’est pas pour toi, t’en seras jamais capable. T’en viens à la conclusion qu’au final, les Dieux tout puissant ont sans doute raison, tu n’es bonne qu’à une chose, faire des tâches d’exécutante à la con, qui ne demandent aucune réflexion, faire des photocopies, passer l’aspi et arroser les plantes. Tu as un BAC + 2, quelques années ‘d’expériences’ mais tu as juste l’impression que finalement, tu ne sais pas faire grand-chose.
Alors tu es condamnée à rester dans ta turne avec tes casseroles au cul pour un bon bout de temps. T’as plus qu’une chose à faire, t’investir à nouveau dans ton travail, en faire plus que le minimum syndical, tu te ferais moins chié, tout en continuant à veiller sur le site du Pôle Emploi tu as d’ailleurs repéré 2 annonces auxquelles tu répondras lundi, là, t’as pas d’imprimante, pas de timbres, pas d’enveloppes, tu choureras tout ça au boulot.
Ce soir, autre entretien de recrutement, l’AdopteDate à 18h, t’as toujours pas envie, en plus, il fait froid, il pleut, bref, t’as juste envie de rester bien au chaud sous la couette à faire la fajitas devant la télé et ses programmes à la con. Enfin, ça ne devrait pas durer bien longtemps, vu qu’il devra partir à 19h, pour une soirée entre potes.
Et puis, toujours no news de PiouPiou. Semaine prochaine, il débarque, mais tu sens bien qu’il te l’a fera à l’envers de l’envers, sans te prévenir de sa venue ; et comme tu as décidé de ne pas le relancer… Là encore les choses n’avanceront pas. Qu’à cela ne tienne, plus ça va, plus tu as de la rancœur envers lui. Tu verras bien comment se présentent les choses, en tout cas, tu ne le laisseras pas te balader ; en attendant, tu es quand même bonne pour une séance d’épilation intégrale + ménage, rangement de l’appart, et changement de draps, aujourd’hui, juste, au cas où.
/http%3A%2F%2Fstorage.canalblog.com%2F08%2F96%2F799851%2F74663532_p.gif)
/http%3A%2F%2Fstorage.canalblog.com%2F62%2F37%2F799851%2F74518245_o.jpg)
/http%3A%2F%2Fstorage.canalblog.com%2F73%2F44%2F799851%2F74378102_o.jpg)
/http%3A%2F%2Fstorage.canalblog.com%2F22%2F19%2F799851%2F73617300_o.jpg)