Le Polonais

13 décembre 2011

Bon. Tu vas pas faire bisquer l’audience jusqu’à la fin de cet article, autant dire d’emblée que tu penses pouvoir ajouter +1 à ton palmarès des collègues-qui-ont-craqué-pour-toi.
Le Polonais, tu le connais depuis que t’es arrivée dans la boite il y a 3 ans. Lui était arrivé un ou deux ans avant. Vous avez toujours eu une entente cordiale, de franche rigolade par moment, mais parsemée d’une certaine distance. En clair, vous n’avez jamais trop copiné au point de passer des journées entières à tchater sur la messagerie du boulot, ni à échanger vos numéros ou à faire des boufs.
Le Polonais, c’est le geek par excellence. Passionné par les nouvelles techno, qui va rentrer chez lui pour encore travailler tard le soir, les week end, et jours fériés. Le Polonais, c’est le seul qui arrive à se faire payer ses heures supp’ et avoir des primes, tu sais pas comment il fait. Enfin, au moins, les Dieux tout puissants le porte aux nus, il est doué, c’est un bosseur, pendant que les autres collègues diront qu’il fourre un peu trop son nez partout quitte à faire de la lèche jaloux. Mais c’est le genre de mec qui fait de la lèche, l’air de pas y toucher, du coup, il reste sympathique, pas comme Oncle Fétide.
Alors tu sais pas pourquoi, ni comment s’est arrivé, mais durant ces dernières semaines, il s’est vu opéré un rapprochement amical où vous en êtes venu à papoter de tout, de n’importe quoi, de vos vies, de choses un peu plus intimes, en bref, 3 ans après votre rencontre, vous avez fait connaissance. Alors évidemment, il s’agit d’un collègue-120km, donc tu le vois pas très souvent mais le fait est qu’il est souvent à Stras’ ces derniers temps, et donc, souvent fourré dans ton bureau pour un oui et pour un non. De plus en plus de papotages via la messagerie, des « On mange ensemble ce midi ? » jusqu’alors inexistants, et un « vas y viens après le boulot on se fait une bouffe ! ». Donc ouais, une fois de plus, tu dépasses le cadre pro, tu le vois en dehors du boulot. Bien qu’en couple depuis 10 ans ben oui fait pas pousser, tu crois comprendre qu’il te trouve charmante, tu apprends qu’il a chopé une photo de toi publié sur FB « Non mais elle s’est mise toute seule dans mon téléphone, j’ai pas compris pourquoi », Mouais, toi le geek, tu sais pas te servir de ton portable? Il te trouve complètement barrée, drôle, souriante, agréable. Bon, là ça parait Waouh’, mais au final, il t’as pas sorti ça de but en blanc, juste, de fil en aiguille, mais quand tu fais le bilan, ben ça donne ça.

Samedi soir, soirée chez un ex collègue, avec deux autres ex-collègues, lui, et moi, les deux seuls pauvres glandus qui bossent encore dans la turne de merde. Durant la soirée, complicité, des rires que personne ne comprenait à part vous deux, des taclages, des cherchages, bref, t’avoues, petit jeu de séduction comme d’hab. Pourquoi tu fais ça alors que le mec a une nana qu’il quittera pas, que la question ne se pose surement pas étant donné qu’il ne te plait pas du tout physiquement blond aux yeux bleu, imagine… , mentalement, un mec qui passe sa life derrière ses PC jamais de la vie… Juste, pour une fois de plus te faire mousser, te faire valoriser, mendier un peu de tendresse sous prétexte que tu n’es au final, qu’une pauvre meuf.
Ce soir-là, ils en sont venu à taper le carton, un jeu que tu ne connaissais pas, avec 150 règles, bref, jeu auquel tu ne callais toujours rien au bout de la demi-heure d’explications. De toute façon, t’aime pas les jeux, il était minuit passé, tu étais défoncée par la semaine riche qui était derrière toi. Du coup, t’as fini par te scratché dans le canap’ le plus proche, et t’a pioncé. Tu les entendais rire, parler, t’étais encore là, sans être là, de toute façon, tu pouvais pas t’endormir avec tout ce bordel autour. Tu les entendais, de loin, t’en venais à plus comprendre ce qu’ils disaient jusqu’à ce que tu sentes une fraicheur parcourir ton corps Putain, quel est le con qui a ouvert la fenêtre là ? Merde, vous avez fini ? Je me suis endormie ? Qui a gagné ?
T’as dû mettre un quart d’heure à émergé, t’as fini par te redresser la gueule enfarinée, et le club des 4 qui te reluquait comme s’ils avaient vu un fantôme Eh ouais les mans, quand j’me réveille, j’ai c’te gueule. T’avais les yeux explosé, rouge, comme si t’avais fumé 15 pèt’, alors que tu t'étais juste endormi avec tes verres de contact. Celui qui vous recevait chez lui voulait que tu restes dormir, t’étais pas en état pour te taper les 70km pour rentrer chez toi lui aussi il fait partie du palmarès enfait, donc vous pensez bien qu’il fallait que je déguerpisse. Au final, t’as réussi lever ton derche du canap’, et pas très stable sur tes deux jambes, t’en es venu à te vautrer contre le Polonais en question, qui t’a retenu, prise dans ses bras et là, moment ultime, t’as embrassé sur le front. T’as toujours perçu ce truc comme geste de tendresse, de protection et de bienveillance. Ta mère t’embrassait sur le front quand tu étais petite avant d’aller se coucher quand tu faisais semblant de dormir, idem ton motard t’as fait le coup une fois, un matin en se levant avant d’aller prendre sa douche, ça t’avais marqué, t’avais adoré.
Pour le coup, tu soupçonnes le Polonais de s’être oublié. Zapant le monde autour, les trois autres clampins qui admirait ta souplesse à avoir la tête dans le cul prêt à se foutre de ta gueule, oubliant qu’il avait une nana et que peut-être, ben les gestes de tendresse envers une autre, en public, ça se fait pas.
Non mais sinon, t’inquiète pas hein, tu tomberas surement pas amoureuse de celui-là.