T’as fait quoi pour le Nouvel An ? J’ai squatté le parking du McDo.
Début décembre, l’examitoujourscollèguereami te propose une soirée entre quatre yeux pour le réveillon du nouvel an. Toi, comme chaque année, t’as pas de plans ben ouais tes potes sont à Paris et tu vas pas te fendre d’un billet de TGV pour ça, t’acceptes. Une semaine après, l’examitoujourscollègueami, t’annonces pas en ces termes certes qu’il a mieux à faire, soirée à Haguenau chez un pote. Bien évidemment, tu peux venir si tu le souhaites. Tu déclines. Les gens-là, tu les connais pas, et t’as pas envie de les connaitre, t’as pas le moral, et faire bonne figure devant des inconnus est insurmontable.
Mi-Décembre, ta sœur te tanne pour passer le nouvel an avec toi. Son programme: aller putasser en boite de nuit. Super. L’idée ne t’emballe pas, de plus, tous les ans, elle oublie qu’elle a une frangine à cette période, et la voir venir comme une fleur sous prétexte que ses potes ne sont pas dispo, te court sur le haricot. L’an dernier, elle ne s’est pas soucié de savoir qu’à 21H30 le 31.12, tu t’étais enfilé 3 Noctran dans la gueule pour pioncer direct histoire de pas ruminer ta solitude et histoire de ne pas constater le bordel sonore des feux d’artifices et de ces fêtards qui descendent dans les rues. Pauvre fille.
Enfin, t’as rien à faire, t’aime bien danser, et même si t’aime pas l’ambiance discothèque, t’acceptes, mais sans conviction aucune. Trois jours après, elle te demande si c’est toujours Ok pour toi. Oui. Une semaine après, elle te demande si c’est toujours Ok. Putain, elle va pas lâcher le morceau, elle y tient à sa sortie en mode-putes. Trois jours avant le réveillon, elle te relance. Mais OUI Putain de merde ! OUI ! Elle cause quelle langue la frangine là ?
Bon, t’es toujours pas motivée m’enfin, au moins, t’auras quelque chose à faire. T’émets juste une condition, diner avec ta mère histoire de pas l’a laisser seule ce soir-là. Ta sœur s’incruste, ta mère n’est pas ravie, la soirée s’annonce prometteuse. Le 31 au matin, ta sœur t’envoies un sms « T’y vas à quelle heure chez la mère ? Par contre, sortie compromise ce soir, je me suis bloquée le dos en descendant des cartons à la cave et… patati et patata ta sœur, elle sait pas que « sms » signifie Short Message System. Qu’à cela ne tienne, Youpiyou, tu peux te rendre chez ta mère en tenue de combat, pas de sortie, pas besoin de se mettre sur ton 31. Mais. T’émets quand même un vieux doute sur la véracité des propos de la frangine qui a tendance à être un peu mytho sur les bords. T’en déduis qu’elle a dû trouver un autre plan entre temps. Vieille chèvre.
Alors t’arrives à l’heure chez la génitrice, ta sœur à la bourre elle habite à 5min, toi, à 1h, j’dis ça, j’dis rien. Quand ta sœur arrive, tu captes direct que finalement ce soir après le diner, vous allez sortir. Elle est fardée laisse bétom, habillée, je t’explique pas. C’est quoi ce Bordel ? Bref, tu dis rien, tu te fais oublier. Apéro, prépa des toasts avec les restes de Noël entre deux clopes, coquilles Saint Jacques dans un beau moule en allu’, baguettines en guise de plat de résistance, et là, fightage. Ca commençait pourtant bien, il n’y avait pas de malaise, ta sœur participait aux conversations sans tirer la gueule pour une fois, pas de tentions, jusqu’à ce que l’affaire de son ex soit évoqué. Ta mère est monte dans les tours, ta sœur aussi, et toi, t'es là, au milieu, en essayant de temporiser le truc « Sommes-nous obligé d’aborder LE sujet fâcheux ce soir ? » Evidemment, ces paroles restent dans le vent, elles ne t'écoutent pas, et tu manques de t’en prendre une au passage pourtant, pas de sang rital dans la famille, mais ta mère parle avec ses mains. Le ton monte, et toi, t’imploses. Du coup, tu te lève de table une fois que t’avais fini de t’empiffrer of course, tu balances un « Putain, vous faites vraiment chié les meufs sérieu' » et tu te casse dans le salon, embarquant ton verre d’Ice Tea et le cendar au passage. T'allumes la télé, tu mets le son à donf pour ne pas les entendre, en vain ; ça gueule de l’autre côté pendant que ton chat et ton chien se tire la bourre pour avoir un câlin.
Finalement, elles continent leur bataille ce qui t’a permis de botter en touche pour la corvée de vaisselle. Quand elles reviennent dans le salon, c’est était plus calme, en apparence. Toi tu tires à moitié la gueule. T’as toujours du mal quand il y a conflit même quand t’es pas concernée de revenir à la-norme-comme-si-de-rien-n’était. Au final, et parce que tu n’as aucune inspiration et aucune personnalité, t’atu piques l’idée de Laurie et de son rituel familiale, à savoir, inscrire sur un papier les mauvaises choses qui se sont déroulées dans l’année, et les brûler « Môman ! 3 papiers, 3 stylos, exécution ! » « ah ? Oui Patron ! » je vous assure qu’on communique de la sorte. Ta mère se demande quelle mouche te pique, elle en était même excitée non pas sexuellement bande de vicelard.
« Bon les meufs, notez les points négatifs de cette année, et foutez le papelard au feu ; vous pouvez même insulter qui vous voulez, comme vous voulez, hurlement primaire oblige, lâcher vous, ce soir, on extériorise ». Ta sœur, ne sait pas se lâcher, et ce genre de truc, ça la gave, elle trouve ça con. Mais elle ne dit rien, elle écrit un pauvre mot sans doute le nom de son ex, et le foutu gentiment dans la cheminée sans un mot, pendant que ta mère et toi étes en train d’écrire des pavés. Ta mère finie par se lever, ouvre la cheminée et gueule « Connard !!!! Connasse !!! Connard !!! Conasse !!! ». Tu connais ta mère, le Connard c’est pour l’ex de ta sœur, le Conasse, pour ta sœur. Mais ta sœur ne cale rien, elle rigole. Ca te fait de la peine. Ta mère des fois souvent, elle dépasse les bornes. Toi tu continue à écrire, alors doutez-vous bien qu’en tête de liste… Ta mère est en train de bouquiner des prospectus, ta sœur, de se curer le nez, pendant que tu t'avances avec concentration vers les feux de l’enfer chacune faisait sa life quoi, rien à foutre. Tu penses que ça va te libérer, tu es déterminée, t’ouvre la porte de la cheminée, tu balances ton papier avec toutes ces merdes de 2011, ces rancœurs, et ces choses que tu veux oublier et laisser derrière toi, avec un « Qu'ils aillent tous mourir ! » super théâtrale que personne n’a entendu étant donné que ta mère a su masqué ta voix en annonçant les tarifs des voyages pour Barcelone. Ton effet est tombe à plat, mais tu t’en tapes, tu as regardes ce papier cramer avec tout ce qu’il représente. 2012 Bordel, remise des compteurs à zéro, on se la refait moins crispée, et on avance putain !
Et ta sœur : « Alors on sort ? » Et merde. Euh ? T’avais pas mal au dos, je croyais qu’on ne bougeait pas ? « Danser, je peux pas, mais on peut aller dans un bar, boire un verre et papoter entre sœur, ça fait longtemps ! » Et merde. Ok.
Tu demandes à ta mère un mascara, un crayon khol histoire de te faire une gueule, et elle t’envoie chier. Merci.
Au final, vous prenez la route pour la ville la plus proche, à la recherche d’un bar pour poser un cul et discuter. Dans la bagnole, ta sœur est vénère contre ta mère et essaye de te démonter par A + B que c’est elle qui a raison. Tu réponds pas. Vous vous garez sur le parking vide du centre-ville. Vous descendez l’allée piétonne vide du centre-ville, pour voir qu’au final, aucun bar n’est ouvert. C’est quoi ce trou de paysans là ? C’est illuminé, c’est beau. C’est beau mais c’est mort. Alors ta sœur prend deux trois photos de toi en train de faire le con, vous marchez, toujours aucun bar, aucun restau, rien, nada, peanuts dans le cul. Ta sœur se demande où sont tous les clampins du bled, tu lui réponds simplement « chez leurs amis, parce qu’ils en ont ». La situation vous fait marrer. Deux pauvres meufs, marchant de nuit dans une ville morte. « Bon on fait quoi alors ? » Ben, il reste le Mcdo au pire… « Arrête… ». Vous riez de votre no-life-attitude, et vous reprenez la caisse pour faire 5 bornes de plus pour aller chez Ronald.
Euh ma sœur ? On a vraiment pas de bol, c’est fermé là ? « Sérieu…. ? » Ouais.
Ta sœur parke sa chariote, par chance, elle n’a pas remonté toutes ses courses et il reste ses litrons de Coca sur le siège arrière. Vous ouvrez les fenêtres, vous clopez, vous buvez, tu mets un CD Dancefloor 1995 qui traine dans la boite à gants, vous vous prenez en photo en train de faire les cons, vous faites pitié, mais vous en avez rien à battre. Y’a personne, c’est mort. T’exagères, une voiture passe toutes les 10 minutes, ce, sur la nationale juste à côté. Soudain, t’aperçois une voiture qui entre sur le parking Ah ? Des potentiels potes ? Des gus’ qui viennent se fumer des pèt’ en loocedé? Et moi j’peux ? La caisse se dirige vers la pompe à essence. Merde.
Qui dit Dancefloor 1995, dit GALA et son Freed From Desire. Puis merde, c’est nouvel an, c’est la fête, elle voulait aller en boite la sœur c’est bien ça ? Ni une, ni deux tu sors de la chariote et tu tapes une chorée improvisée sur le parking du Mcdo. Ouais. Ta sœur est morte de rire mais trop coincée pour te rejoindre. Tu gesticules dans tous les sens, tu te dandine, bref, tu fais genre c'est la fête quoi. Au bout de quelques secondes, la voiture de la pompe à essence redémarre et fonce droit sur vous. Merde. T’es pas courageuse, encore moins téméraire, alors tu remontes illico dans la bagnole de ta frangine, enclenchant la sécurité enfant et tu lui gueules dessus Démarre Putain, Démarre !!! Ils nous foncent dessus !!! On va se faire violer par des pervers !!! J’te raconte même pas l’adrénaline que j’ai ressentie là. Ta soeur démarres, la voiture fait demi-tour. Du coup, vous rentrez, ta sœur te dépose chez ta mère ben ouais t’allais pas remonter sur Stras et faire 50 bornes avec le risque de croiser les alcooliques de la Saint Sylvestre, il était 23h.
Ta mère est encore devant la télé. Elle a beau regarder son film fétiche cassette VHS svp, elle est toujours vénère contre ta sœur et tente de te prouver par A + B que c’est elle qui a raison. Tu réponds pas.
A 00h, tu es en train de lui parler de l’examitoujourscollèguereami qui fait chier, elle te coupe la parole et te souhaite une Bonne Année. Vous regardez les feux d’artifices de tous les villages voisins depuis la véranda, l'horizon est beau. A ce moment-là, tu penses à 2011, à tes erreurs, tes choix, bien décidé à laisser tout ça derrière toi. Puis tu vas te coucher avec le chien qui te colle aux bask', et tu fini ton bouquin cul-cul la Praline.
A part ça, bah, Bon Néné…
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