Adopte-un-branleur.com
Le Branleur, tu lui tapes la papote depuis fin Décembre à peu près. Des échanges courts, bourrés de conneries, des « lol » en préfixe de chacun de ses mails, il réceptif à ton humour, tu votes pour. Un physique pas dégueu malgré qu’il soit blond, des photos façon top-model-sans-sourire, certaines prises devant le miroir lunettes de soleil, blouson en cuir, bref, un branleur mais un bon casse-croute cela dit. Le Branleur, fin Décembre, te proposait un verre pour début Janvier, sous prétexte qu’il partait fêter le Nouvel An à Babeloued pendant quelques jours et que donc, il ne serait pas en ville. Soit. Puis. Une poursuite d’échange sans reparler de ce fameux verre, tu finis par plus trop répondre parce que la nature de ses mails est sans contenu, que tu sais même pas quoi répondre, et que t’as pas que ça à foutre d’entretenir des correspondances à deux balles. Bref, c’est un branleur qui veut que tu lui cours après, et toi, tu cours après personne, donc, y’a problème. En vue de ta nonchalance, il finira par remettre ce fameux rencart dans les startingblocks. T’acceptes.
Ce matin, il t’envoie un sms pour confirmer le rendez-vous de ce soir, et pour te dire que celui qui arrivera à la bourre payera le coup. Branleur va. Ce soir, tu rentres chez toi, tu te prépares, t’en viens à faire un tour les popotes rapide et bavasser avec SweetLilyBrown sur Gtalk paf’ tag prends ça :p et t’en viens, bien évidemment à te mettre à la bourre. Rendez-vous 20h30, t’es sur le lieu du crime à 20h28, t’es juste, une warrior. T’es là, mais t’es toute seule. 20h30, personne. 20h34, tu commences à te demander s’il va venir. Tu commences à psychotter en te disant que ça se trouve, ce gars-là n’est autre que le vengeur masqué de SuperRelou à qui tu as toi-même poser un lapin. Tu te dis que ça se trouve, ils sont rivés à l’une des fenêtres de l’un des immeubles de la rue, qu’ils t’observent en se foutant de ta gueule les bières à la main. T’imagine même que SuperRelou va venir à ta rencontre pour te demander des comptes tu savais que ça devait arriver, et tu l’as bien mérité. 20h35 sms « J’arrive !». T’es pas plus rassurée pour autant. Ca se trouve, c’est pour te faire poireauter encore plus longtemps dans le froid glacial, pour que la vengeance soit de plus belle. 20h40, toujours personne, c’est clair, il se fou de ta gueule. 20h43 sms « je suis dans le bar, t’es où ? ». Euh mec ? T’avais dit qu’on se retrouverait devant, je suis donc DEVANT putain !!! Il finit par sortir, tu lui fais les remontrances comme il se doit T’es en retard mec… Tu vas raquer ce soir… T’aurais pas dû… Tu prends ton temps pour finir ta clope, après tout, il a qu’à venir se peler le jonc lui aussi voir c’que ça fait.
Il commande une Pinacolada, toi un diabolo, et t’es pas trop à l’aise. Il est chou, loin d’être repoussant, mais le fait est qu’il ait l’air mal à l’aise à pas trop savoir quoi te dire, te rends encore plus mal à l'aise. Et dire qu’il va falloir que j’attende 1h minium avant de me tirer. Au final, ça papotte, beaucoup boulot parce qu’il est informaticien et que toi-même, tu bosses dans une boite d’informatique. Premier point commun. T’en viens à apprendre qu’il habite ton quartier. Et de deux. Qu’il bosse dans la ville où tu bosses. Trois. Qu’il a la même charrue que la tienne. Quatre. Ca en devient limite troublant et tu te sens limite un peu con de répondre « moi aussi » à chacune de ses déclarations, il ne s’agirait pas de passer pour une mytho. Les conversations s’enchainent et se poursuivent, par moment, tu sais plus quoi dire ni sur quoi enchainer, mais il sauve la mise, ça va. Il parle calmement, c’est pas un excité de base, il prend son temps, t’apprécie. Le Branleur ne s’avère pas si branleur que ça en fait. Il a l’air tout de même intimidé, a du mal à soutenir ton regard et même si tu ne le connais pas, tu doutes de son naturel.
Tu as un petit moment de solitude parce que crise de fou-rire, en pensant inévitablement à tes copines bloggeuses, et à leur réaction quand elles apprendront qu’avec le plus sérieux du monde, il a commencé à te raconter son week-end du Nouvel An, en réussissant à placer la phase « Bon déjà, ce matin-là, j’avais la gastro » t’as jamais compris pourquoi les gens se vantent d’avoir une gastro, et pourquoi ils ne disent pas tout simplement qu’ils sont « malade », ou « pas bien », même « patraque » t’acceptes. Parce que toi, quand quelqu’un te dis qu’il a une gastro, tu l’imagines inévitablement entrain de repeindre les murs des chiottes. Quand il sourit, son visage s’anime et il est encore plus chou de Bruxelles. Tu remarques ses doigts fins, des doigts de meufs presque. Les conversations s’enchainent, vous venez à rire, à vous trouver encore des points communs sur la manière de voir certaines choses, mais tu sens quand même qu’il y a une gêne. Tu mets pas le doigt dessus. En fait ce mec, ça doit être le genre Branleur avec ses copains, mais qui devant une nana, se la ramène moins ouais on va dire ça. 22H30, il te propose de sortir afin que tu puisses aller fumer, tu rebondiras en disant que tu vas rentrer de toute façon. Il paye encore heureux. T’attends qu’il te propose de te ramener en voiture sous prétexte que vous habitez le même quartier. Rien ne vient. Ok ben va te faire foutre. Il t’accompagne à l’arrêt du tram, il attend avec toi. Debout l’un en face de l’autre, t’émets des doutes sur la véracité du 1m70 de son profil. T’arrives pas à voir s’il fait ta taille ou s’il est plus petit. Qu’à cela ne tienne, avec sa belle gueule, tu lui en veux pas. Quand ton tram arrive, tu lui annonces que c’est le tien, ce à quoi il te répondra « t’y vas direct ? » Euh, ben ouais mec pourquoi ? T'avais d'autres plans? Tu voulais me sauter? Oui oui.
Tu t’approches pour lui taper une bise de circonstance, tu poses ta main sur son épaule machinalement, et il y répondra avec la sienne sur ta hanche Ouh putain putain putain un contact, un contact avec un Homme bordel de merde là, tu te rends compte que t’as vraiment la dalle. Tu lui dis merci pour ce verre, il te répondra « merci à toi », toujours avec un manche à balais dans le cul, pour partir chacun de votre côté même pas de « à bientôt », « on se refera ça » nia nia, rien !
Le Branleur physiquement, bien que court sur patte, il fait ses preuves, pour le reste, on peut pas vraiment dire que déclic relationnel il y a eu, toujours difficile lors d’un premier rencart.
T’émets quand même des doutes sur la nature de ses attentes. Il avait l’air de vouloir que la soirée continue encore. Reste à savoir, s’il s’attendait à un OneShot vite fait bien fait, ou pas. Parce qu’en même temps, il n’a pas non plus poussé au cul, pas d’allusions douteuses, il n’a même pas proposé de te ramener alors que vous alliez dans la même direction. En clair, t’as du mal à cerner la bête, et à l’heure qu’il est, même pas de sms à base de « j’ai passé une bonne soirée », « j’espère qu’on se reverra bientôt », rien ! Quel branleur... :p
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