L'humour, une qualité?
Linternaute.com il a dit que l’humour, est une forme d’esprit qui souligne avec ironie et détachement des aspects plaisant drôles et insolites de la réalité.
Les gens disent de toi que t’en as de l’humour, tu es réactive, t’as de la répartie qui te permet de pouvoir rebondir sur quelque chose de rigolo souvent salasse of course dans n’importe quelle situation. Bien sûr, tu n’es pas maître en la matière, l’humour, soit t’en as, soit t’en as pas, mais quand t’en as, encore faut-il le travailler, toi apparemment tu te démerdes. Alors beaucoup te diront qu’avoir de l’humour est une qualité, que la vivacité d’esprit plait, et bla et bla, peut-être, mais tu es bien placée pour dire qu’avoir de l’humour peut aussi te revenir en pleine gueule.
Tu te souviens qu’à la rentrée des classes, où tu intégrais la section « des grands », en CM2, tu es tombée sur LA maitresse. Celle qui rigole pas, celle qui n’est pas très commode, la vieille fille dans toute sa splendeur, la frustrée parce que mal baisée voire pas du tout, celle qui mène ses élèves à la baguette, le gendarme, le CRS, bref, celle dont tu n’as vraiment pas envie de tomber dans sa classe tu l’as tiens celle-là ça y’est ? Ben toi, avec la chouille que t’as, t’as réussi à te la taper une année entière bordel de merde. Alors ça va, tu étais du genre plutôt timide, réservée à ne pas faire de vagues, jamais de bavardages, jamais de bêtises, bref, la fille sage, parfaite hu’. Elle n’aurait donc aucune occasion de te disputer, de te foutre sa règle en bois dans la gueule ou de te mettre au coin. Mais. Il se trouve que dès le premier jour d’école, tu t’es vue humilier devant tous tes petits camarades. Première fois qu’on te pointait du doigt, première fois qu’on te faisait une réflexion, bref, le drame. Ce jour-là, t’as vite compris que tu allais être LA tête de turc de la vieille mégère pendant toute l’année et la risée de toute la classe.
Cette anecdote t’es revenu hier soir, tu sais même pas pourquoi tu as repensé à cet événement que tu avais jusque-là, complètement, oublié. La raison de son acharnement sur toi ce jour-là, a été le rendu d’un exercice que t’avais complètement loupé. A la réflexion et avec ton recul d’adulte, cet exo, tu l’avais pas foiré, tu l’avais juste, pas compris. Vous aviez quelques images, représentant des scènes, des objets, bref des trucs, qu’il fallait décrire. Le fait est que toi, au lieu de décrire ces images, tu leur as donné vie. Et sous prétexte qu’à la vue de deux piafs perchés sur une pauvre cheminée tu as écris « Salut Gertrude, comment vas-tu ? » / « Bien merci, le temps est magnifique j’en profite pour bronzer ! », au lieu de « Deux oiseaux sont sur une cheminée », ben tu t’es fait taclée. Tu t’es fait taclée parce que les oiseaux ne parlent pas, parce que les oiseaux ne bronzent pas, et que les oiseaux ne s’appellent pas Gertrude, qu’en clair, tu racontais n’importe quoi. Toi, tu voulais même pas faire rire la galerie, tu ne pensais même pas que la vieille pute lirait tes réponses devant toute la classe, tu as juste eu, trop d’imagination et un humour naissant. Ce jour-là, tu t’es payé une sacrée sale note un 3 ou 4/10 tu sais plus trop, ben va ramener ça à ta mère le troisième jour après la rentrée, va ! Ce jour-là, t’as pleuré et tu pensais redoubler si la connasse d’instit’ me lit et qu’elle se reconnait, je lui dirais d’aller mourir (si c’est pas déjà fait), j’avais déjà pas beaucoup confiance en moi, t’as juste enfoncé le clou et ça m’a valu 4 ans de psychanalyse, oui, tout est de ta faute vieille moche !
A l’école donc, ton humour t’a valu une sale note, une humiliation et un voyage vers la basse estime de toi-même.
Dans la vie pro, là encore, ton humour peut déboucher sur quelques encombres. Parce que dans le panier de crabes dans lequel tu évolues, tout le monde il est beau, il est gentil, il est copain, bref tout le monde il est hypocrite. C’est une boite assez jeune, dynamique, la moyenne d’âge est d’à peu près 30 ans, malgré quelques exceptions. Sans parler d’âge, tes collègues sont à peu près tous barrés dans leur tête, chacun à leur façon, du coup la cohésion peut parfois déboucher sur de bonnes tranches de rigolades, ce, en pleine réunion où on parle sérieux, on parle budget et licenciement économique. Du coup l’ambiance est parfois à base de t’es mon poto man, tape m’en 5. Et toi, dans ces moments-là, le naturel arrive au triple galop, plus on te sollicite, plus on te pousse dans tes retranchements, ben plus tu vas en rajouter, c’est donc comme ça que t’es vite devenu le bouton-train de la boite, la nana qui rigole tout le temps, qui fait rire jusqu’à se pisser dessus, qui choque parfois, mais qui intrigue parce que quand elle sort un truc on sait jamais si c’est du lard ou du cochon, en clair la nana jamais sérieuse et la nana qui n’a pas de limites, malheureusement. Mais être considérée comme la nana jamais sérieuse dans un milieu professionnel, n’est pas forcément une bonne chose, parce que le jour où tu te lourdes, on pourra te le reprocher, et te le refoutre en pleine tronche. « Tu passerais moins ton temps à faire la con, tu ferais peut-être moins de conneries ! » Mais c’est pas moi qui ait commencé M’sieur c’pas juste bordel d’un fion ! Enfin, tu l’as compris, de toute façon, dans c’te turne t’es fichée, t’as plus aucune crédibilité.
Tu te souviendras toujours d’une phrase que t’a balancée l’un de tes ex collègues « Fulmina, à part à faire le con, tu sers à rien ». Bien sûr il t’a sorti ça sur le ton de la plaisanterie, une vanne de plus qui sollicitait une réponse, une répartie. Mais putain, il l’a dit quand même merde.
Un article publié sur SoBusyGirl