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Tout, N'imp & Co
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  • Des bétises, des coups de gueule, de coeur et de moins bien. Tribulations, déblatérations, actions et réactions. Du PIa-Pia, un peu de tout et du grand n'importe quoi. La vie est un Joyeux Bordel? Bienvenue dans la mienne!
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30 octobre 2011

Séquence émotion

Le 22 avril 2009, rue des Arcades à Strasbourg, ta sœur de 7 ans ton ainée t’annonce qu’elle est en enceinte. Ta sœur, qui jusque-là n’avait connu que des relations de CDD de 2 ans, ta sœur pour qui les enfants n’étaient que des sales gosses pleurnichards qu’il faut torcher. Ce jour-là, à 13h26 rue des Arcades, tu as chialé. De retour au boulot l’après-midi, tu avais la tête dans les étoiles, et tu avais vraiment du mal à y croire. Ta sœur allait être maman, et toi tu allais être tata.
Le 25 août 2009, la veille de tes 23 ans, tu reçois un sms « c’est une meufette ma sœur ! Une meufette », et là, tu as encore chialé. Une petite fille. Il fallait s’y attendre, dans la famille, il n’y a que des pisseuses. Ta grand-mère était issue d’une flatterie de 10, toutes des filles. Et sur ces 10 filles, seulement une a eu un garçon. Ta mère a eu deux filles, et maintenant l’un d’elle va être maman à son tour, d’une fille. Alors bien sûr, les plus neuneuch t’auront demandé si tu aurais préféré avoir une nièce ou un neveu, mais les neuneuch en question ignorent à quel point cette question est con et ne se pose même pas. Un enfant est un enfant, tu l’aimes c’est tout. Tu l’aimes même avant de voir sa bouille.
Le 9 décembre 2009, à peine étais-tu arrivée au boulot que tu reçois un appel aux alentours de 8h38. Ta sœur que tu avais vu 2 jours avant en mode ballon te dit que ça y’est, tu es tata. Et là, pour ne pas déroger à la règle, tu chiales. Tata. Un nouveau statut, une fierté, et même si tu ne sais pas encore ce que le rôle de tata implique, tu t’en tapes. Tu as du mal à réaliser, tu es dans un monde parallèle, et cette journée sera longue, impossible de te concentrer. Tu attends que les heures passent, tu attends qu’il soit 17h30 pour pouvoir te tirer et filer à la maternité à 50km de là. La route te parait si longue, tu es stressée, heureuse, paniquée, pressée. Arrivée sur place, tu vois le nouveau papa avec son frère et leur père en train de fumer une clope à l’entrée de ce bâtiment austère. Déjà émue, les mots te manquent, oubliant de leur dire bonjour, tu demandes où est la chambre. Ils t’accompagnent. Tu as le cœur serré mais débordant et tu ouvres la porte de chambre n°2. Tu vois d’abord ta sœur, allongée sur ce lit d’hôpital, puis, sur la droite sa meilleure amie, debout, tenant dans ses bras un nouveau-né emmitouflé dans une couverture rose. Sans un mot, elle s’avance machinalement vers toi, et te tend ce petit légume qui dort à point fermé. Tu n’as jamais porté de bébé aussi minuscule dans tes bras, mais les gestes sont naturels ; tu abandonnes lâchement ton sac au milieu de la carrée, tu tends les bras. Ce bébé, c’est ta nièce, ta nièce, et tu as du mal à réaliser que finalement, un peu de ton sang coule dans ses veines. Ce petit bout qui dort profondément, ne fait même pas cas de ta présence, effrontée va ! Evidemment, tu chiales un p’tit coup, tu t’assoies dans le fauteuil à côté du lit, et tu l’observes, tu la détail. Et même si tu as toujours trouvé qu’un nouveau-né ressemble à un nouveau-né, qu’il n’y a pas de quoi se taper le cul par terre et qu’ils sont tous moches de tout façon, elle, est différente. Elle est rouge, fripée comme les autres, elle fait des bulles et pas un poil sur les cailloux, mais elle tu la trouve belle. La plus belle. A peine étais-tu assise sur ton fauteuil qu’elle se réveille doucement. Tu vois enfin ses yeux. Ses deux billes te regardent sans te regarder. Elle a les yeux foncé, trop foncé, eh merde, elle n'aura pas les yeux bleu de sa maman, tes yeux bleu oui, pur égoïsme, mais tu constateras plus tard qu'ils deviendrons bleus de toute façon, et t'es trop fière Ta sœur te tend un biberon pas plus haut qu’un pouce. Tu t’apprêtes à lui donner le 2 ou 3ème de sa vie. Avec émotion, tu introduis la minuscule tétine dans sa minuscule bouche, et c’est parti. Quelques heures à peine d’existence, et tu constates déjà que c’est un vrai glouton. Ses paupières s’ouvrent et se referment de plaisir, mais son regard reste fixé sur toi, comme si elle te suppliait de ne pas arrêter. Comme si tu avais fait ça toute ta vie, tu la redresse, la cale contre toi pour la faire digérer. N’y tenant plus, ta sœur décide de s’éclipser avec le reste de la populass pour aller sans griller une, te laissant seule avec sa progéniture. Tu savoures ces premiers moments avec ce petit être qui fera désormais parti de ta vie, pour toujours. Tu la détailles, et mémorise la forme de son tout petit nez quasi inexistant, ses petites mains qui ne cesse de s’ouvrir et de se refermer, ses petites lèvres, déjà bien pulpeuses, et ses bonnes joues toutes roses. Tu lui parles, elle ne comprend rien, de toute façon, elle est déjà en train de s’endormir, effrontée ! Tu ne peux décrocher ton regard de cette miniature, que tu aimes déjà de tout ton cœur, ce premier moment, rien qu’à vous deux, tu t’en souviendras toute ta vie. Tu as envie de la protéger, qu’il ne lui arrive rien, empêcher qui que ce soit de la faire souffrir, mais tu sais que c’est peine perdu, tu es impuissante. La voyant si innocente encore, tu te dis qu’elle a tellement de chose à apprendre, tellement de chose à découvrir, et tu sais pertinemment qu’elle devra passer par des échecs, des coups de blues et des remises en question pour avancer. Tu te surprends d’ailleurs à lui dire, en la voyant lutter pour ne pas s’endormir : C’est dur la vie hein ? Eh bien t’as pas fini d’en chier ma fille.

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Commentaires
A
Comme tout le monde c'est avec les larmes aux yeux que je finis ce post, très beau, très émouvant....
F
Merci à vous pour ces gentils messages, franchement, ça me touche d'autant plus qu'il s'agit de ma nièce, mon petit rayon de soleil, merci pour elle aussi!<br /> @T: Je ne connais pas du tout le film dont tu parles, de quoi s'agit-il?<br /> @Laurie: J'aime ta franchise, et ton côté direct "j'ai envie de les claquer" mdr...<br /> @Douce amère: effectivement, depuis qu'elle est née, j'ai changé ma vision sur certaines choses, je ne pensais pas du tout!<br /> @Encore une fille: t'as interêt de l'aimer ma nièce, de toute façon, impossible de faire autrement (trop objective la meuf)<br /> @Papotinette: Je ne sais pas si elle a de la chance, je me fais déjà engueuler par sa mère sous pretexte que je lui raconte plein de conneries, alors imagine plustard! :) Mais merci, très beau compliment :)<br /> Mamzel R: toi, je sens que tu vas zoner sur mon blog jusqu'à temps que tu aies l'info-croustillante concernant l'appolon du palier à te mettre sous la dent! private joke dans mon dernier post ;) Merci beaucoup quant à ton compliment rapport au post écrit sur ma nièce. J'avais envie de faire partager mon émotion, ma joie, et ma lucidité, apparemment, c'est réussi, j'en suis d'autant plus contente. Et puis, ça laissera une petite trace, que je pourrais peut-être lui faire lire plustard... :)
M
Purée, j'ai versé une larme en lisant ton billet. Trop bien écrit.<br /> <br /> PS : ben alors, la suite avec le voisin ???? Raconte !!
P
Je suis émue par ton texte ! <br /> Ta nièce a de la chance de t'avoir comme tata !
E
j'aime pas les enfants. mais la j'ai aimé ta niece, tellement c'etait bien écrit!
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