FlashBack - 02.06.2006
J'ai 20 ans, et j'ai râté ma vie
10:58, le titre doit vous paraître un peu bizarre, vous vous dites sans doute "genre! 20 piges et elle a raté sa vie? Mais où va le monde? Elle a la vie devant elle! Quelle connerie!" Mais le fait est que c'est réellement ce que je ressens. J'ai l'impression de ne pas avoir vécu mon adolescence, à 100%.
Je ne sors pas, je n'apprends pas les choses de la vie simple, je suis seule. C'est vrai qu'à la base je suis une grande solitaire, mais je ne peux m'empêcher d'envier tous ces groupes de jeunes, qui font des virés entre amis. Le nombre de fois où je suis sortie, où j'ai eu des "soirées" peu se compter sur les doigts d'une main.
[…]
Aujourd'hui je regrette mon parcours, d'ailleurs "quel parcours?". Je vais avoir 20 ans au mois d'août et croyez-le ou pas, ça me déprime. Je n'ai pas envie. Je ne veux pas grandir. J'ai encore 17 ans dans ma tête. Je veux vivre des choses que les ados vivent. Ca me manque. Malheureusement, il est trop tard. J'ai l'impression que notre adolescence influe beaucoup sur notre devenir en tant qu'individu. Ça promet... L'impression d'être dans un engrenage, l'impression de ne plus pouvoir m'en dépatouiller... l'impression d'être nulle, d'avoir foiré les plus belles années de ma vie.
J'aurai aimé être une jeune fille bien dans ma peau, à l'aise, que le monde n'effraie pas. une fille qui n'a pas peur de vivre ses passions, une fille qui n'a pas peur de faire des nouvelles rencontres, une fille qui n'a pas de difficulté à apprendre une malheureuse leçon de biologie, polyvalente, une fille qui va de l'avant, une fille apprécié par les autres. J'aurai aimé faire parti d'un groupe de musique avec lequel j'aurai joué à la fête de fin d'année du lycée, j'aurai aimé être intégré, reconnu, et respecter.
C'est trop tard, l'an prochain je vais être propulsée dans une entreprise, le monde du travail, il faudra être sérieux, il faudra devenir grande.
Quand je vois la bien triste et fausse idée que je me faisais du monde du travail il y a 5 ans, et le contenu de ce blog, et donc, de ma vie actuelle, je ne peux m’empêcher de sourire.
Il est évident que mon adolescence a connu bien des lacunes niveau expérience. J’avais peur de tout, peur de vivre, peur de l’échec, et surtout, peur de faire des choses jugées « pas bien » par ma mère. Ma mère m’a formaté. Je m’en suis rendu compte lors de ma psychothérapie qui a duré 4 ans. Et quand je m’en suis rendu compte, je suis partie vivre à 500km d’elle inconsciemment pour vivre MA vie. Ce déménagement à l’autre bout de la France a été la meilleure chose qui me soit arrivée. C’était il y a 3 ans. Loin d’elle, j’ai dû me débrouiller toute seule, me forger, et c’est à ce moment-là que j’ai commencé à me connaitre et à vivre pour moi. J’ai vécu ce changement comme un nouveau départ, une remise des compteurs à zéro, et quand j’ai réalisé que je m’épanouissais beaucoup mieux sans elle, le passé a refait surface ; je me suis souvenu d’événements que je jugeais désormais de « pas normaux ». Je me suis rendu compte à quel point elle m’avait dicté mon chemin, manipulé, et à quel point elle avait de l’emprise sur moi. Et c’est pour toutes ces raisons je crois, que je n’ai pas vécu mon adolescence pleinement. Alors évidemment, je lui en ai beaucoup voulu. Aujourd’hui, tout va bien entre nous malgré quelques frictions. Je comprends aujourd’hui pourquoi elle faisait tout ça, et je comprends que tout ça été inconscient pour elle; Elle aussi est venue s’installer en Alsace, un an après moi. C’était de toute façon dans ses plans, elle a toujours voulu retrouver ses racines ; disons que mon départ a accéléré le processus. Aujourd’hui, je ne la laisse plus dicter ma vie, et même si parfois le naturel revient au galop, elle comprend vite que ce n’est plus la peine.
Tout ça pour dire, que, une fois libérer de tout ça, la chrysalide s’est transformée en papillon. Alors oui, la crise d’ado à retardement me pendait au nez, c’est évident. Et encore, je ne sais pas si on peut dire que je sois en pleine crise d’ado. Disons que j’ai tellement du temps à rattraper, que j’ai aujourd’hui une soif de découvrir, des émotions, des sentiments, vivre les choses intensément sans me freiner de faire quoique ce soit, je ne veux rien rater sous prétexte qu’il y a des choses qui ne se font pas. Consciente que c’est comme ça aujourd’hui, et qu’il en sera toute autre demain, parce que je ne pourrais pas me permettre de me la jouer sans foi ni loi toute ma vie.
En conclusion, on peut dire que j’ai vraiment un parcours atypique, comme à mon habitude, je n’ai jamais rien fait comme tout le monde, mais bizarrement en relisant mes écrits d’il y a 5 ans, je dirais aujourd’hui que j’en suis fière, que c’est mon histoire, et que ça devait se passer comme ça. C’est tout.