Le foutage de gueule haute voltige
Jusque-là, tu leur accordais encore le bénéfice du doute, mais ce soir, tu commences vraiment à croire que les mecs sont vraiment tous des connards.
Tu as finalement eu des news de PiouPiou cette après-midi. Un sms qui te demandait si tu pouvais l’héberger la semaine prochaine, étant donné qu’il sera à Strasbourg mercredi et jeudi. Evidemment, t’y croyais plus, tu t’étais même fait une raison. Qu’à cela ne tienne, apparemment, il ne te l’a fera pas à l’envers cette fois-ci. Sauf que. Dame Nature la Poufiasse aurait déjà dû pointer le bout de son nez, tu en déduis donc qu’elle viendra à la bourre, avec quelques jours de retard, donc, t’es bonne pour la recevoir mercredi. Et comme tu es super franche, honnête et respectueuse si si, tu as jugé bon d’accepter certes la venue de PiouPiou, mais de le prévenir que vous ne serez peut-être pas seuls. Ce à quoi, Monsieur répond que c’est vraiment pas de bol, qu’il viendra la prochaine fois c’est-à-dire dans des mois, parce que comprenez que ça serait trop je cite cruel d’être là, et de ne rien pouvoir faire. Dans l’absolue, il n’a pas tort. Tu es en train de faire depuis quelques mois, le deuil de votre amitié impossible, là au moins, c’est clair, il ne juge pas utile de passer un peu de temps avec toi, ce serait-ce que pour papoter entre vieux potes, s’il te voit, c’est pour te sauter.
Alors, tu lui renvoies un sms une plombe après parce que tu étais sur la route, en lui disant qu’un bon guerrier n’a pas peur de rougir son sabre, que tu le tiens au courant parce qu’avec un peu de chance… Bref. En clair, j’ai mes doches, tu restes où t’es, si je les ai pas, tu rappliques. Ami de la poésie, bien le bonsoir ! Et là, ce petit con de te répondre que « arf », le « problème », c’est qu’entre temps, il a eu son pote de Strasbourg au téléphone, et qui lui a déjà demandé s’il pouvait passer la nuit chez lui ce qui lui éviterait de se taper le trajet aller-retour 240 bornes.
Alors, t’enrage, comme à son habitude, il pense s’être trouvé une « bonne excuse », que tu vas directement juger minable. Tu sais pas si tu es parano, s’il se fou littéralement de ta gueule, où s’il est juste con et naz niveau organisation. Mais avec le passif, tu te dis qu’effectivement, il doit bel et bien se foutre de ta gueule. Alors tu lui réponds un « comme par hasard ». Ce à quoi il rétorque « oui, c’est une habitude, on s’appelle tous les dimanches soir avec mon pote ». Tu peux pas décommander ? Lui dire qu’au final tu vas bosser tard, que la boite te paye l’hôtel ? Bref, tu réponds même pas, mais t’as juste envie de balancer ton mobile contre le mur, mais le fait est qu’il ne sentira pas la douleur d’où il est, et que toi, tu risquerais de te retrouver sans téléphone.
Toi qui pars du principe que quand on veut, on peut, là pour le coup, tu comprends pas vraiment sa stratégie. Ce soir, une fois de plus t’es remonté contre lui, le moral en berne, il te déçoit de plus en plus, tu as envie de n’avoir plus aucun contact, t’as même plus envie de lui, de son corps, de son odeur, t’as juste envie de le pourrir la prochaine fois qu’il reviendra tout milieux. Ton égo en prend un coup dans le caberlot, t’aime pas te faire traiter de la sorte, merde. Tu en viens limite à espérer que cette colère perdure dans le temps et te permettre de le repousser « la prochaine fois ». T’as qu’une envie, ne plus jamais revoir sa gueule et ne plus jamais entendre parler de lui. Mais ça, c’est impossible vu que tes entretiens d’embauche de cette semaine ne sont pas concluant. Et blacklister son numéro, ce qui te permettrait de ne même pas recevoir ses sms et appels ne servirait à rien. Il a ton mail, il y a la messagerie instantanée du boulot où tu es obligée de te connecter, bref, s’il veut te capter, il pourra le faire. En attendant, mercredi et jeudi, il risque de venir manger à l’agence, t’as décidé que tu ne seras pas là.
Hier, après la chose infâme que tu as faite au Pur-Relou-Chelou, tu te demandais ce qui allait te tomber sur le coin de la gueule. Ça doit être ça en fait. A moins que ce soit le fait d’avoir appris que l’ex de ta sœur a encore sévit, et qu’il lui a défoncé sa porte cette semaine, à coup de hache ?
D’ailleurs en parlant du Pur-Relou-Chelou, tu persistes à croire qu’il est vraiment Chelou, voir limite psychopathe clinique. Tu as bloqué son numéro certes, et même si tu ne peux pas voir ce qu’il t’écrit, tu as quand même une alerte quand il t’envoie un sms. Et tu constates que le gars, il lâche pas l’affaire. Cette nuit, trois sms, 00:20, 04:31 et 06:51. Aujourd’hui, tu as du en recevoir à peu près deux toutes les demi-heures. Alors sont-ce des insultes, des menaces de mort, ou tu chantage au suicide, tu sais pas. Tu sais qu’il travaille pour le gouvernement, t’espère juste qu’il n’y a aucun moyen pour qu’il te retrouve…